Produits locaux

Fleur de sureau - Fleur de Franchimont

11.08.2025

Chaque année, au printemps, les campagnes se remplissent d’un parfum entêtant et délicat : celui de la fleur de sureau, qui pousse un peu partout, des haies aux bords de chemins. Cette fleur sauvage blanche, aussi modeste que précieuse, est l’ingrédient phare de la Fleur de Franchimont, un vin theutois, doux et floral à base de pommes qui séduit les foules depuis une trentaine d’années. Le dernier week-end de mai a marqué la fin de la récolte 2025 : une tonne de fleurs a été cueillie à la main par une quinzaine de passionnés — familles, amis, cueilleurs aguerris — dont certains dépassent les 150 kilos de fleurs par saison. La fleur de sureau est l’ingrédient star de la Fleur de Franchimont !
Par Caroline Beauvois

Avec leurs jolies ombelles blanches, les fleurs de sureau sont fragiles et doivent être récoltées dans de bonnes conditions.

« Il faut que ça respire », sourit Nicolas Klingler, gérant et maître brasseur de la société Les vins et élixirs de Franchimont…

On évite le seau en plastique ! « Les fleurs doivent être amenées dans des caisses bien aérées. Et surtout, ne jamais les laver à leau : on perdrait le pollen, qui est un élément clé dans les arômes. »

Une bande de copains et une idée

L’histoire de la Fleur de Franchimont remonte aux années 90, quand Nicolas et ses trois amis — Pierre Théate, Alexandre Lodez et Luc Moreau — imaginent autour d’une table une boisson locale digne de la région. « On se disait que c’était dommage quil nexiste pas de produits theutois, alors que le château de Franchimont avait déalors une image forte. Pourquoi ne pas lancer un vin de fruit, par exemple. Moi, je sortais de mes études en agronomie, c’était loccasion Ils trouvent un terrain et lancent les plantations de fruitiers. « À l’époque, on ne savait pas encore exactement ce qu’on allait faire, donc on a planté des framboisiers, groseillers, cassis, pour l’idée de faire un vin et des fruits. » Pour financer le projet, le groupe décide de revisiter une ancienne recette liégeoise qui consistait à mettre de la fleur de sureau dans du vin. Ils innovent, modifient la recette et décident d’utiliser du vin de pomme, « plus local, plus cohérent » : Le vin de la Marquise était né.

« On faisait les marchés, les foires À chaque sortie, ça partait en moins de deux ! On a vite vu que ça plaisait beaucoup, se souvient Nicolas. Et puis, les organisateurs de la Franche Foire nous ont invités à tenir un stand. Et là, il nous en fallait beaucoup ! On sest vraiment rendu compte que le produit quon avait réadapté avait pas mal davenir, donc on en a fait un peu plus… »

Et ce qui ne devait être qu’un produit transitoire, le temps de lancer leur vin de fruits, devient finalement leur produit phare. La petite ASBL devient société en 2001, avec l’aide précieuse du « levier communal » de la Fondation Roi Baudouin, précise-t-il. En 2002, leur boisson fermentée à base de pommes et de fleurs sauvages adopte officiellement un nouveau nom : Fleur de Franchimont.

Le secret du produit ? La vraie fleur ! 

Le goût inimitable de la vraie fleur

Le secret ? La vraie fleur ! Ici, pas d’arômes artificiels !

« Ce qui nous rend inimitables, cest quon travaille avec la vraie fleur, fraîche, locale, et quon maîtrise la recette de A à Z », affirme Nicolas. Et ça change tout. « Dans les dégustations entre brasseurs, on nous a souvent dit : ça se goûte que cest du vrai. Quand on ajoute des arômes dans une boisson, on a souvent des trous dans le goût. Lorsquon travaille avec des fleurs, on goûte toute la complexité naturelle de celle-ci, cest plus complet, mais il faut oser sy aventurer. »

Concrètement, les fleurs sont triées, nettoyées manuellement, puis plongées, dans de gros sachets de thé, dans du vin de pomme (100% belge, venant notamment du pays de Herve) pendant plusieurs mois, parfois jusqu’à un an. Ce concentré est ensuite dosé avec précision pour offrir une boisson équilibrée, florale et fraîche.

La distribution reste locale, un choix assumé. 

Un réseau 100% liégeois

Si la production est montée en flèche depuis son lancement — 3 000 litres au départ, 50 000 aujourd’hui —, la distribution reste volontairement locale : exclusivement en province de Liège.

« Cest un choix assumé, explique Nicolas. On préfère rester petits, mais stables, et préserver notre réseau. » Disponible dans les petites supérettes, les drinks, les points de vente Promogest de la Province de Liège ou encore dans le réseau Delhaize, la Fleur de Franchimont est devenue une fierté locale. Et une raison de plus de visiter la région !

Avec le temps, la gamme s’est enrichie. D’abord une bière artisanale, la Franche-Fleur, créée avec les mêmes fleurs macérées que le vin. Puis d’autres recettes ont fleuri : une bière à la bruyère (houblon médiéval), une IPA au houblon alsacien, une triple florale, et même un gin et un alcool sec, la Fine Fleur… La Rosée de Spa donne quant à elle la part belle à la myrtille !

Une histoire familiale

Près de 35 ans après les premières discussions animées autour d’une table, l’équipe de copains est toujours au complet. « Je travaille à mi-temps pour lASBL, et nous avons également engagé un ouvrier à mi-temps. Les autres fondateurs restent aussi impliqués : Alexandre assume le rôle de trésorier, Pierre – récemment pensionné – vient maider le jeudi, et Luc donne un coup de main quand il le peut, même sil travaille à temps plein. Et puis, depuis 2001, beaucoup de choses ont changé : nous avons tous eu des enfants, qui deviennent automatiquement actionnaires à leur majorité, sourit Nicolas Klingler. On avait envie que ça reste une aventure familiale. Cest super, il y a en plein qui prennent les choses en main – certains ont même inventé de nouvelles boissons à nos côtés. On transmet. On expérimente et on ne lance rien tant que ce nest pas parfait. »

Envie de goûter à la fleur de Franchimont? Celle-ci coulera évidemment à flot lors de la prochaine édition de la foire médiévale de Franchimont qui se tiendra le 23 et 24 août 2025. À consommer (évidemment) avec modération.

Un ingrédient culinaire aux mille usages

Et si la Fleur de Franchimont est délicieuse à l’apéro, elle trouve aussi sa place en cuisine : sorbets, scampis, poulet braisé, cocktails… Sur leur site, la société partage des dizaines de recettes. L’un des cocktails phares ? Un tiers de Fleur de Franchimont, deux tiers de mousseux sec, un bonbon (ou une “chique” en liégeois) à la violette, et une fraise en garniture.

Pour les plus curieux, Nicolas recommande aussi de préparer un sirop maison : « On met les fleurs de sureau dans de leau avec du sucre et du citron, on chauffe, on met en bouteille bien chaude, et on garde ça toute lannée. »

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