En Belgique, la laine cherche encore sa place. Chaque année en Wallonie, environ 250 tonnes de laine sont produites. Pourtant, plus de la moitié n’est toujours pas valorisée. Une partie est stockée, une autre est jetée ou compostée. Peu de producteurs parviennent à la vendre. Étonnant, n’est-ce pas, quand on sait que la laine est une ressource locale aux multiples usages, de l’isolation au textile ?
D’autant plus qu’il fut un temps, pas si lointain, où la laine était au cœur de notre économie. Verviers, jadis fleuron de l’industrie lainière, en est l’illustration. On y importait de la laine de qualité (souvent d’Australie ou de Nouvelle-Zélande), lavée et transformée localement. « Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les moutons étaient élevés principalement pour leur laine. La viande n’était qu’un complément », rappelle Pauline Gillet, cheffe de projet au sein de l’ASBL Valbiom, qui travaille à mieux structurer la filière laine. Les choses changent à partir des années 1950, avec l’apparition de fibres synthétiques comme le polyester ou le nylon. Ces matériaux, plus faciles à produire et à entretenir, vont rapidement remplacer la laine dans l’industrie textile. En parallèle, la qualité de la laine locale – « relativement mal filée, tricotée et mal lavée » – accentue le désintérêt. « On considérait que ça grattait. Et surtout, c’était long et coûteux à transformer. » La conséquence : une lente agonie des ateliers lainiers et une laine belge tombée dans l’oubli.
